François Cholat, président du Snia : « Il faut soutenir l’élevage »
À l’occasion de sa conférence de rentrée, le 31 août, le Snia a fait le point sur les dossiers chauds du moment, avec une année 2022 qui s’achemine vers un retrait de 1,2 Mt de la production d’aliments pour animaux. Le président François Cholat appelle à réagir pour sauver l’élevage.
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La nutrition animale devrait afficher un retrait de 1,2 million de tonnes en 2022, en raison de l’accumulation de crises et de leurs impacts, dont 700 000 t imputables directement à l’influenza aviaire et 500 000 t liés aux conjonctures difficiles en porcs et en ruminants. C’est le premier constat relevé par le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia), lors de sa conférence de presse de rentrée, le 31 août.
Des solutions pour accompagner les éleveurs
La hausse des cours des matières premières a démarré après les confinements liés au Covid ; l’influenza aviaire a fait de gros dégâts dans le Sud-Ouest et dans les Pays de la Loire, et menace encore ; la guerre en Ukraine a eu des conséquences sur les matières premières et pèse toujours sur l’énergie. « Nous constatons déjà une hausse de 10 à 15 €/t d’aliments produits », chiffre Ludovic Michel, vice-président du Snia. Quant à la sécheresse, elle a des répercussions sur la production des matières premières et des fourrages, accentuant le découragement de certains éleveurs.
Second constat, la nutrition animale a des solutions pour accompagner les éleveurs, que ce soit dans l’efficience alimentaire ou dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). « C’est même une des raisons d’être de la nutrition animale avec la baisse continue des indices de consommation depuis des années », pointe Patrick Pageard, trésorier du Snia. Ce qui rend difficile l’établissement d’un point zéro pour suivre les progrès.
Le défi du renouvellement des générations
Autre point abordé : il faudrait pour cela que les éleveurs soient toujours là demain. François Cholat, président du Snia, craint en effet l’accélération de la décapitalisation tant en porcs qu’en ruminants. « Il faut soutenir l’élevage, prévient-il. Nous devons répondre collectivement au défi du renouvellement des générations. L’innovation et la confiance sont incontournables pour y parvenir […]. Les fabricants d’aliments veulent répondre présents mais ils ont besoin du soutien des pouvoirs publics pour activer les nouveaux leviers de compétitivité dont dépend l’avenir de l’élevage en France. »
Être considéré comme prioritaire côté énergie
Du côté de l’énergie, la nutrition animale demande à être considérée comme prioritaire et à ne pas subir d’éventuels délestages cet hiver. Il faudrait que ce soit aussi le cas pour ses fournisseurs de matières premières, dont ceux qui sont fortement consommateurs de gaz, comme la déshydratation, la production de tourteaux ou de pulpes. L’une des inquiétudes majeures des fabricants d’aliments est de continuer à disposer de flux suffisants de matières premières alors qu’ils constatent une concurrence croissante avec les méthaniseurs. « La hiérarchie des usages doit être respectée », insistent les responsables du Snia.
Par ailleurs, les industriels, qui notent le retournement du marché du bio, demandent que la France accepte, comme l’ont déjà fait certains États membres de l’Union européenne, une dérogation pour revenir au régime d’avant le 1er janvier 2022 en bio, avec la possibilité d’incorporer 5 % de matières premières non bio aux aliments pour animaux bio.
Yanne BolohPour accéder à l'ensembles nos offres :